Vous le savez (ou l’avez appris en nous lisant), la Nationale 8 c’est la route de Marseille. Mais… il a également existé une Nationale 8 Bis. N'écoutant que notre courage, nous avons sauté dans une Honda Civic nouveau modèle pour aller découvrir celle qui s’appelait la Route de Marseille à l'Italie…
Texte & photos: Manu Bordonado
Bon, la Nationale 8 Bis n'existe plus. Comme la Nationale 8, elle a été convertie en départementales, la D908 suivi de la D6. Mais même du temps de son existence, entre 1837 et 1981, elle n'allait pas réellement en Italie: elle se contentait de d'aller de Marseille jusqu'à la route nationale 7, qui prenait le relais jusqu'à l'Italie...
La 8 Bis partait à l’origine du vieux port. Mais en 1861 a il a été décidé qu’elle partirait de la Joliette. C’est donc de là que nous partons. Ainsi, nous descendons cette belle (ça n’a pas toujours été le cas) rue de la République. Nous voilà sur le vieux port 1 km plus loin… 17 minutes pour faire quelques centaines de mètres et y arriver, ça commence bien. C’est, bien évidemment, le point le plus bas de l’ex-route nationale 8 Bis !
Là, on devrait tourner à gauche pour remonter la légendaire Canebière. Mais nous sommes à Marseille, donc bien évidemment rien ne se passe comme prévu. D’une part, les 100 premiers mètres sont en sens interdit. Juste pour le plaisir de... D’autre part, il y a devant nous une manifestation. Des gens qui font un discours dans une autre langue avec des drapeaux qu’on n’a pas reconnus. Puis ils ont chanté. Bref, nous on a perdu du temps alors qu’un heu… beau voyage vers l’Italie nous attend.
500 mètres plus loin, nous croisons le cours Belsunce. Ledit cours… c’est également l’ex-nationale 8. A gauche, Aix en Provence nous tend les bras, et à droite on file sur Toulon. Mais nous ne nous laissons pas distraire: la 8 Bis est notre mission du jour. Tout droit sur la Canebière.
Après avoir parcouru en tout 3.5 km en… 30 minutes (sic…), nous passons Cinq avenues et on change de cap, direction plein nord-est. On passe ensuite à la gauche de deux curieux bâtiments: le Dôme, haut lieu de musique et de spectacle à Marseille, et le bâtiment du conseil général des Bouches du Rhône, surnommé en raison de sa couleur et de sa forme le « bateau bleu ».
On passe définitivement les 100m d’altitude, et au kilomètre 10, on franchit la limite entre les communes de Marseille et Plan-de-Cuques sans que l’on ne s’en aperçoive vraiment. Un kilomètre plus loin on arrive à un rond point. C’est la première fois qu’on voit un panneau D908 (ne cherchez pas RN8 Bis…). Il nous aura fallu 47 minutes pour en arriver là ! Heureusement que le 1.6 iDTEC de notre Civic Tourer est, une fois de plus, un vrai chameau. En tout cas, il suffit désormais de suivre les flèches Trets…
A la sortie du Logis Neuf, on sort enfin des différentes agglomérations successives que l’on a traversées, et on attaque le meilleur morceau de la N8 Bis: la partie très sinueuse qui suit les méandres du Jarret. L’occasion de passer définitivement la barre des 200m d’altitude.
La route suit des gorges, grimpe, les virages sont rapprochés, très fermés, et les panneaux annoncent une rote glissante. De quoi amuser notre Civic Tourer, qui saute de virages en virages avec autant de plaisir que la berline. A noter que depuis son léger restylage de début 2015, on profite d'excellents sièges sport... 8 km à ce rythme nous permettront d’atteindre un petit col, à 375m d’altitude. Au même moment que nous, quelques motards font des aller-retour sur cette route. Comme on les comprend ! Nous entamons notre redescente.
Jusqu’à une période récente, il était prévu que la RN8 Bis soit doublée d’une voie rapide, un peu comme c’est déjà le cas au niveau du conseil général à Marseille. Mais ça aurait été dommage car l’itinéraire est beaucoup plus drôle ainsi !
On passe Cadolive et on redescend trouver la route nationale 96 (devenue D96, sic…), avec laquelle on va faire chaussée commune pendant seulement un kilomètre. Mais auparavant, on aura passé un rond point avec un wagonnet, et on sera passé sous une voie de chemin de fer abandonnée: tout cela rappelle qu’à quelques kilomètres de Peypin, à Gardanne, il y avait encore des mines de houille il y a quelques années… Tiens, on note que le GPS de la Civic est une nouveauté: ça n'est plus un GPS Honda, mais un modèle tournant sous Android...
Ce faisant, on grime sur un plateau où l’on trouve, ENFIN, notre première ligne droite. Il était temps ! C’est là qu’on passe également le point culminant de la RN8 Bis: 425 mètres. On est loin de la nationale 7 et surtout de la nationale 6 (qui culmine à 2094m). Sur votre gauche, une vue des plus sympathiques sur la montagne Sainte Victoire, icône de la ville d’Aix en Provence toute proche. Mais attention, regardez la route…
…regardez la route car maintenant, la descente sur Peynier est une succession de courbes sympas. On trouvera à cette occasion une ancienne station service… Ca sera la seule de toute la route ! En sortant du village, on change de profil: la route est maintenant très roulante, et… très droite !
Au quarantième kilomètre, nous traversons Trets. Enfin on y est ! On en suit les panneaux depuis le début... La traversée du village, si l’on reste sur l’itinéraire historique, est maintenant en sens unique. Mais nous sommes dans le bon sens… A partir d’ici, l’ex-Nationale 8 Bis change de nom (sic). De D908, elle devient D6. C’est fade mais il faut faire avec. Nous partons en direction de notre destination finale: Pourcieux.
Ca sera vite entendu: nous voilà face à une belle ligne droite de 3.5 km, toute plate… Régulateur de vitesse, 6ème rapport, la Civic est aussi infatigable qu'économique... C’est ainsi que nous passons dans le Var. Mais pas longtemps: 3 km plus loin, la route nationale 8 Bis est déjà terminée. Ainsi, aux termes de 49 km, on aura rejoint la légendaire nationale 7 (devenue comme on le sait la DN7 ici) pour continuer vers l’Italie.
En presque 50 km, on n’aura croisé aucun radar automatique certes… Mais on n’aura pas non plus croisé de station service ancienne, de vieux garage typique d’une époque ou autre. L'ex-N8 Bis est une manière originale de quitter Marseille, mais ne vaut sans doute pas le déplacement pour quelqu’un qui viendrait de loin. A bon entendeur…