Le 2 février prochain, Michelin débutera la commercialisation du Primacy  3 qui prendra la relève du Primacy HP et devrait le remplacer totalement sur le  marché à l’horizon 2014. Ce pneumatique de milieu de gamme vise principalement  le secteur des voitures compactes et des berlines routières amenées à rouler  fréquemment en ville, sur routes et sur autoroutes.

Michelin a articulé le  lancement du Primacy 3 autour de la sécurité et des résultats d’essais  comparatifs menés par des organismes indépendants. En effet, après l’avoir  opposé à quatre de ses concurrents directs sur deux dimensions spécifiques, le  TÜV allemand et l’IDIADA espagnol l’ont classé premier dans les domaines du  freinage sur le sec, du freinage sur le mouillé et du braquage sur le mouillé.  Nous avons à notre tour pris le volant pour établir nos propres valeurs de  tests et nous faire notre idée.
Rigidité à deux vitesses

Le dessin du Primacy 3  n’est pas révolutionnaire et reprend, dans l’esprit, les idées des dernières  productions Michelin. La bande de roulement est divisée par quatre rainures  longitudinales classiques. Aux extrémités intérieures et extérieures de la  bande, les pains sont parcourus par de larges entailles transversales  facilitant l’évacuation de l’eau. La majorité des innovations tient dans la  partie centrale. Les trois ceintures de gomme sont striées par des rainures  beaucoup plus fines contenant des lamelles dites « autobloquantes ». Ces  minces feuilles de gomme (deux dixièmes de millimètres) assurent un lien entre  les blocs. En condition de roulage normal, les interstices permettent  l’écoulement de l’eau mais, en cas de freinage, sous la contrainte mécanique, les  blocs se déplacent et les lamelles les collent les uns aux autres pour former  un seul gros bloc beaucoup plus rigide. On notera que le pain de gomme médian a  des rainures non-traversantes d’un côté dans la largeur pour augmenter encore  la rigidité au centre de la bande de roulement.
 
Test de freinage sur le sec
  
  L’essai routier de freinage sur sol sec a opposé le Michelin  Primacy 3 au Goodyear EfficientGrip en 225/45 R17 sur des BMW 318d. Arrivé à  fond de deuxième (entre 90 et 100 km/h), nous avons effectué un freinage  d’urgence en appliquant le maximum de pression sur la pédale. Le Primacy 3  s’est arrêté successivement en 22,6 et 22,9 m avec une moyenne de 22,6 m sur la  totalité des essayeurs présents. L’EfficientGrip a réalisé des scores de 23,2  et 23,3 m avec une moyenne de 23,8 m. L’écart entre les deux, de 0,30 à 1,20 m,  n’est pas flagrant. Le ressenti au volant est légèrement meilleur avec le  Michelin qu’on perçoit plus stable dans les mouvements de lacet et plus  accrocheur sur les derniers mètres de course.
 
Test de freinage sur le mouillé

L’essai de freinage sur le mouillé a été effectué selon la  même méthodologie au volant de Volkswagen Passat chaussées en 205/55 R16. Les  deux adversaires du Primacy 3 étaient le Bridgestone Turanza ER300 et le  Continental ContiPremiumContact 2. Le Michelin a mis 26,6 et 25,3 m pour  arrêter complètement la Passat tandis qu’il a fallu au Turanza 27,6 et 27,8 m. L’écart  assez conséquent est le résultat d’une certaine tendance au phénomène de  « luge » de la part du Bridgestone. Le Primacy 3 est aussi plus  mordant à l’attaque de freinage et plus constant par la suite. On attendait  évidemment un verdict serré avec Continental, le vrai rival du manufacturier  français sur le mouillé. Le ContiPremiumContact 2 a passé l’épreuve en 25,5 m  mais avec un freinage plus puissant de la part du conducteur qui a enregistré  une décélération de 1,0 g contre 0,9 g avec le Primacy 3. Néanmoins, à la  décharge du Continental, il s’agit d’un pneumatique qui sera remplacé au  catalogue très bientôt. Le comparatif aurait été plus équitable avec un ContiEcoContact  5, certes réservé à des voitures plus petites mais qui chevauche les dimensions  du Primacy 3 sur le marché des berlines.
 
Pourcentage de silice augmenté

Côté chimique, la gomme du Primacy 3 est composée de trois  élastomères : du butadiène, de l’isoprène (butadiène avec une fonction  méthyl) et du SSBR, le copolymère styrène-butadiène en solution. La présence de  ce dernier, dont la mise en œuvre est délicate, a nécessité un fort taux de  silice dans les charges renforçantes. Il atteint 97%, soit 5% de plus que  dans le Primacy HP. La silice permet aussi d’améliorer l’adhérence du pneu sur  le mouillé. Enfin, le taux de résine dans la partie plastifiant a été porté à  65% pour favoriser la déformabilité de la gomme et mieux faire jouer les blocs  avec les lamelles autobloquantes.
 
Test de braquage sur le mouillé

La dernière épreuve sur piste mettait en jeu des Mercedes  Classe E chaussées en 225/55 R16. Elle consistait en un anneau d’une  cinquantaine de mètres de diamètre censé représenter un grand rond-point,  inondé par un arrosage automatique. Le but était d’étudier le comportement des  pneumatiques en virage sur un revêtement mouillé à la limité d’adhérence, soit  à environ 60 km/h. Dans des conditions d’adhérence précaires, sur une surface  inégale, le Pirelli P7 n’a pas fait honte à son fabricant. Malgré une dérive  constante, il n’a montré aucun signe de décrochage brusque. Néanmoins, il a  demandé plus de corrections au volant pour être maintenu en trajectoire à cause  de vibrations et de micro-glissements à la limite d’adhérence. Il s’est en  revanche montré aussi constant que le Primacy 3 dans les dévers avec les roues  braquées. Le Michelin a fait la différence au lâcher d’accélérateur en guidant  mieux le train avant vers un retour sur la trajectoire et dans les freinages en  virages avec une dérive bien rectiligne.
 
Les premières dimensions du Michelin Primacy 3 seront commercialisées à partir du 2 février 2012. Il comptera 38 dimensions en tout, du 185/60 R15 au 245/45 R18. Il sera produit d’abord dans cinq usines situées en Allemagne, en Espagne, en Italie et en France (Roanne). Il est d’ores et déjà homologué pour la Clio IV et devrait l’être très bientôt pour l’Audi A6, la Volvo V60, la BMW Série 5, la Mercedes Classe E et la prochaine Ford Mondeo.
Texte : Renaud Lacroix
Photos: Renaud Lacroix & Michelin
Réagir au Michelin Primacy 3 sur le forum