S’il est bien une marque qui fait couler beaucoup d’encre mais qui fait son chemin, c’est Tesla. Sans avoir l’air d’y toucher, elle rencontre un succès certain avec la Model 3 dont nous avons enfin pu toucher le volant.
La gamme est simple : une version Standard Range (débarrassée de ses 4 roues motrices pour abaisser le prix), et deux versions Dual Motor à 4 roues motrices, une Long Range et une version Performance (gros moteurs). La crainte du public étant plutôt du côté de l’autonomie, nous avons cherché à tester une version Long Range un jour de départ en vacances, entre les deux confinements.
On ne vous parle pas du design de la Tesla Model 3 : vous en avez forcément déjà croisées puisqu’elle est en train de battre des records de vente sur le segment des berlines familiales. Le design est sobre et dépouillé juste ce qu’il faut, comme celui de la Model S. On lui souhaite de résister aussi bien au temps que cette dernière.
L’intérieur de la Model S est sobre et dépouillé, lui aussi. Mais la Model 3 va largement plus loin : à part les clignotants, le warning et les lève-vitres, il n’y a plus d’autre bouton, rien d’autre que le très grand écran central. Rassurez-vous, on s’y fait très bien. Cela apporte de la place et une atmosphère particulièrement zen.
On trouvera bien quelqu’un pour dire que c’est moins bien fini qu’une auto allemande, mais cela ne nous a pas choqué : l’intérieur est très satisfaisant. Il y a même quelques éléments assez haut de gamme comme par exemple le traitement des poignées de porte extérieures. Il y a aussi quelques détails agaçants comme les américaines nous en réservent parfois. L’alarme de la nôtre s’est déclenchée plusieurs fois sans raison.
A noter que les commandes et boutons de provenance Mercedes que nous avions trouvés dans la Model S ne sont plus d’actualité dans la Model 3. Curieusement, le splendide écran du véhicule n’est pas compatible Apple CarPlay. L’habitabilité est bonne. Le coffre est profond et aurait sans doute mérité de bénéficier d’un hayon.
Nous remontons l’autoroute A7 en direction de Lyon. Même si nous ne disposons pas du modèle Performance, les accélérations de notre Model 3 laissent en apnée les amis qui n’y sont pas habitués. Les accélérations sont à couper le souffle au sens propre du terme (oui oui, on a réellement quelqu’un qui a perdu son souffle pendant une accélération !)
Côté fiche technique, Tesla ne communique plus sur la puissance de ses véhicules, expliquant simplement qu’elle est suffisante, comme le faisait Rolls-Royce il y a 50 ans. Il y a eu quelques contestations au sujet de la puissance de la Model S à sa sortie, cela a dû vexer Elon Musk… Renseignement pris, notre exemplaire dispose de 350 kW (soit 462 chevaux). On comprend mieux les accélérations un poil violentes pour une familiale.
L’autoroute est surchargée donc on profite peu de cette énergie débordante. La mauvaise nouvelle est que le GPS devrait être radio-informé mais il ne cherche pas à nous faire contourner ces embouteillages. La bonne, c’est que l’Auto Pilot optionnel est un allié de choix en pareilles circonstances en associant sécurité et conduite apaisée.
Nous nous arrêtons finalement à un Supercharger. Ces derniers se développent à chacun de nos essais de Tesla. Pour la Model S, ils disposaient de 2 bornes. Lors de l’essai du Model X, ils se composaient de 8 bornes. Aujourd’hui, au volant de notre Model 3, nous en trouvons 16 ! Et en ce jour de départ en vacances, c’est une vraie ruche. Les Tesla vont et viennent sans arrêt, leur nombre est impressionnant. Notre version Long range n’usurpe pas son nom : pour terminer notre voyage, 10 minutes de charge suffisent. Le temps d’aller aux WC et de boire un coup. Le Supercharger n’est pas gratuit pour une Model 3 mais ce plein nous aura coûté autour de 6 euros, coup à boire non compris.
Nous continuons notre trajet sur la N7 et puis nous basculons rapidement sur les contreforts du plateau ardéchois. Nous pouvons enfin lâcher la bride de notre auto électrique. Ce n’est pas la version Performance mais il est clair que notre Model 3 ne manque de rien. Sa santé est inépuisable, y compris en altitude. Cela ne serait pas le cas avec un véhicule thermique !
Dans ces conditions, nous découvrons un réel défaut à notre Tesla Model 3 Long Range : son mauvais compromis confort/tenue de route. En conduite usuelle, l’auto se montre sensiblement trop ferme lorsque la chaussée se dégrade, comme ici sur nos départementales ardéchoises. Au contraire, si l’on sort la grosse attaque pour profiter de la réelle puissance de l’auto, le châssis manquera rapidement de rigueur et notamment d’amortissement. Il aurait clairement fallu un amortissement piloté afin de résoudre cette problématique.
Côté autonomie, la Long Range assure. Même à bonne allure sur les routes ardéchoises, notre Tesla a des réserves qui ne s’épuisent pas facilement. On table sur 450-500 km sans sourciller. Le frein moteur est important et c’est très bien ainsi : on touche peu aux freins et les batteries se rechargent un peu plus.
Si on parle un peu argent, on peut se rappeler que les européens ont été déçu de voir que la Tesla Model 3 n’est pas vendu au même prix (canon) qu’aux USA. Mais c’est un peu le fait de tous les modèles américains vendus chez nous. Dans les faits, la Model 3 ne dénote pas dans l’univers assez coûteux qu’est celui du véhicule électrique. Bien entendu, c’est la version d’appel qui fait actuellement le gros des ventes puisqu’elle permet de profiter au maximum des aides de l’Etat en restant sous le seul des 45 000 euros.
La Tesla Model 3 est environ 30% moins chère qu’une Model S mais ça n’est pas -du tout- un modèle au rabais. Aux réglages de suspension près, elle représente toujours le même must have que sa grande soeur en matière de véhicules électriques.