Il faut un début à tout et une première fois est souvent un grand moment. En 2020, à la sortie du premier confinement, votre serviteur a pris le volant d’une McLaren. Récit.
A force d'essayer nombre d'automobiles dans l'année, il faut avouer que nous finissons par être parfois un peu blasés. Mais il faut être honnête : notre McLaren GT du jour est tout de même intimidante, bien qu'elle soit esthétiquement la version la plus raisonnable de la gamme. Elle a été créée pour cela justement : séduire les acquéreurs que les autres modèles de la gamme effraient en raison d'un style trop… radical.
La première surprise vient de ses dimensions. Bien entendu, la McLaren GT est basse. Mais surtout elle semble particulièrement longue, avec un porte-à-faux avant digne du nez de Cyrano. Malgré son dessin plus sobre et plus discret qu'à l'accoutumée, on reconnaît immédiatement le design McLaren. A noter que sa livrée bleue Kyanos est particulièrement réussie, tant dans le choix de la teinte que dans la qualité de la réalisation.
A l'ouverture de la porte, première surprise : les pontons ont été creusés et permettent de s’installer finalement aisément à bord. D'autres modèles ne peuvent pas en dire autant. La seconde surprise est notre intérieur entièrement recouvert de cuir savane. La finition est bonne et l'ensemble est aussi pratique qu'esthétique. C'est une vraie oeuvre d'art, un bijou même !
La particularité de la McLaren GT dans la gamme est son immense vitre arrière. Il s'agit d'un hayon permettant d'emmener un peu plus d'affaires. Enfin, c’est comme ça que l’on nous le présente !
La marque ne fabrique pas de moteur. On se souvient bien entendu de la McLaren F1 animée par le merveilleux V12 développé par BMW Motorsport. Depuis le retour sur le marché de la marque avec la MP4-12C en 2011, tous les modèles sont animés par un V8 biturbo fourni par Ricardo.
Cubant ici 4 litres, le moteur "M840TE" est puissant (620 chevaux) mais surtout spécialement coupleux (64.2 mkg). Il est également relativement compact, même s’il est monté ici dans un véhicule à la longueur confortable. En revanche, il n’est pas mélodieux. Pas du tout. Sa sonorité rappelle celle d’une Mercedes A45 AMG, c’est pour vous dire !
Nous échangeons une dernière fois avec le représentant de la marque. « Vous n’avez jamais conduit de McLaren ? Vous allez voir, c’est facile ! » Ce gentleman a terriblement raison. On oublie très vite la taille de la bête. Curieusement, le porte à faux avant ne gêne pas non plus, notamment au passage des ralentisseurs, car il est plus haut que sur les autres modèles. Encore mieux : la GT reste confortable grâce à sa suspension pilotée et -contre toute attente- n’attire pas l’attention.
A l’accélération, on entend très bien les turbos souffler. Et là... ça pousse. Ça pousse franchement et de manière inépuisable. Passer le rapport supérieur ne calme pas le V8. On ne change d'ailleurs pas de rapport pour cela mais pour le plaisir d’utiliser les grandes palettes métalliques. A noter qu’elles ne tournent pas avec le volant (tant mieux) et qu’elles sont solidaires l’une de l’autre. Ainsi, pour passer le rapport supérieur on tire la palette de droite mais on peut aussi pousser celle de gauche.
Cote performances, la McLaren GT a beau être la plus « rangée" de la gamme, elle n’est pas pour autant une version… calme. A ce titre, elle met un point d’honneur à signer des chronos de choix : 0 à 100 en 3.3 secondes et une vitesse de pointe d'un peu plus de 325 km/h. De quoi réussir à suivre un certain temps l’heureux propriétaire d’une McLaren F1, par exemple...
La tenue de route de la GT correspond à sa philosophie : elle a l’adhérence que ses performances nécessitent. Toutefois, elle privilégie la stabilité et la facilité à la maniabilité sur circuit : elle n’y mettra sans doute jamais les roues.
Pas la peine de comparer la McLaren GT avec la concurrence : nous sommes loin de tout achat rationnel et c’est le cœur qui parlera avant tout. Dans le cas présent, le futur acquéreur aura peut-être déjà un autre modèle de la marque dans sa collection. Celle-ci pour la semaine et l’autre pour le week-end. Ou l’inverse ?
La McLaren GT est un objet splendide et en même temps très rapide. Mais ça n’est pas tout : c’est également une véhicule de grand tourisme confortable et utilisable au quotidien. Une certaine idée de la perfection, à laquelle il ne manque qu’une noble sonorité.
Texte : Manu Bordonado
Photos : Soufyane Benhammouda