Honda
est lié depuis toujours à la compétition, tant à
travers l’auto que la moto. Les modèles les plus
extrêmes se nomment Type R et nous avons pu prendre le volant de la
dernière du nom.
Si nous étions pessimistes, nous rappellerions qu’il y a
quelques années la gamme offrait nombre de sportives : Civic,
CRX,
Integra,
Accord, S2000,
NSX...
même la prestigieuse Legend se prêtait bien à la conduite
rapide ! Il n’en reste aujourd’hui que deux, la Civic et la NSX.
Mais en étant un minimum optimiste, on peut aussi se dire qu’il
vaut mieux deux modèles vraiment brillants à un tas de
modèles simplement réussis ?
La précédente
Honda Civic Type R avait déjà frappé un grand coup en
adoptant à la fois l’injection directe et un turbocompresseur.
Elle dérivait alors directement de la version engagée en WTCC.
Un modèle explosif tant par le ramage que le plumage... Dès
lors, que pouvait bien apporter ce nouveau modèle beaucoup plus gros
?
Car la Honda Civic est devenue une grande voiture, avec une belle
habitabilité et un grand coffre. Ça n’est en
général pas le critère de l’acheteur d’une Type
R, mais c’est ce qui permettra peut-être de convaincre madame.
Cette auto permet donc de traverser la France avec armes et bagages, comme
l’Accord Type R il y a quelques années.
L’intérieur est réussi. Plus rien à voir avec les
précédentes Civic dont les tableaux de bord étaient assez
torturés. Mention spéciale à la console centrale,
spécialement agréable comme accoudoir central et qui cache un
grand, un énorme rangement. Bien entendu, le clou du spectacle est
constitué des ceintures rouges et des baquets rouges. Ces derniers ne
sont pas chauffants mais ils sont vraiment réussis. L’ergonomie
l’est aussi. Tout tombe parfaitement en main.
Cette Honda Civic Type R est une voiture moderne, avec tous les
automatismes que cela implique : régulateur de vitesse adaptatif,
avertissement du changement de file, dispositif anticollision, caméra
de recul, GPS, recharge du téléphone portable par induction...
Répétez-le bien à madame : aucun sacrifice n’est fait
à la vie quotidienne ou presque. On y reviendra.
Maintenant qu’on a parlé de Honda Civic... parlons ce qui nous
intéresse : parlons de Type R ! C’est un label de
sportivité extrême, de la Civic à la NSX en passant par la
légendaire Integra. Notre Civic Type R récupère en fait
tous les enseignements tirés des engagements en WTCC. Sa mise au
point a d’ailleurs été assurée par le pilote maison,
Tiago Monteiro.
Le moteur 2.0 Turbo à injection directe est repris de la
précédente Civic Type R mais gagne légèrement en
puissance. Il développe désormais 320 chevaux à 6500
tr/min, un régime assez élevé dans l’absolu mais bien
plus calme que les Type R du passé. Son évidente santé
transite par une boite 6 rapports. Une boite parfaite, aux rapports
rapprochés et avec une commande ferme et aux très petits
débattements. Le pommeau alu est froid l’hiver et chaud
l’été, mais il est splendide. Et les relances moteur
automatiques au rétrogradage sont superbes !
L’empattement est long. Les voies sont larges, très larges
même. Et la Civic est encore plus basse qu’à
l’ordinaire… Les conditions intrinsèques pour une bonne
tenue de route. La carrosserie a dû passer un temps certain en
soufflerie car l’aéro de la Civic Type R est spécialement
affuté. Et jusque dans ses moindres détails : il ne faut pas
s’arrêter à l’énorme aileron, il y a beaucoup
d’autres éléments travaillés.
Comme la voiture est très basse, il ne faut pas qu’elle frotte.
Aussi, sa suspension est très ferme. C’est le principal
sacrifice fait à la vie quotidienne ! Mais plus le rythme augmente,
plus on se réjouit de cette suspension. Les amortisseurs sont
pilotés et réagissent (comme le niveau d’assistance de
direction et la réponse de l’accélérateur) selon les
trois modes de conduite accessibles par le basculeur à proximité
du levier de vitesse.
Selon ces trois modes, le moteur passe de très pêchu à
sportif et à brutal, le tout dans une sonorité certaine. De
toute évidence, le triple échappement n’a pas
été conçu pour étouffer le moteur !
Le reste est à l’avenant. Suspension ferme mais adhérence
totale, direction dure comme on aime, motricité incroyable grâce
au différentiel autobloquant. Evidemment, la motricité
(notamment sur le mouillé) est perfectible. Mais plus on roule vite,
plus on découvre à quel point l’auto est à
l’aise dans cet exercice et à quel point on aurait pu passer
plus vite. L’adhérence en courbe est incroyable ! Les pneus
Continental SportContact 6 en 245/30 YR20 n’y sont bien entendu pas
étrangers. A partir d’une certaine allure, l’arrière
est mobile juste ce qu’il faut. Bref, nous aimions
particulièrement la précédente Civic Type R mais nos
confrères nous avaient prévenus que celle-ci est un cran bien
au-dessus. Et c’est vrai. Le label Type R est bien là. Amazing
!
Côté conso, l’aérodynamique associé à
l’injection directe permettent de limiter les choses. En conduite
paisible, la Honda Civic Type R a un appétit assez raisonnable. En
profitant de l’auto au quotidien et ponctuellement comme elle doit
l’être, notre essai de près de 3000 km s’est
soldé par une consommation moyenne de 11.5 L, une valeur très
raisonnable lorsqu’on se rappelle ce que l’on a fait de
l’auto ! La consommation en conduite sportive peut paraitre
élevée, mais elle ne l’est finalement pas lorsqu’on
la rapporte au rythme que nous avions.
Malheureusement, le réservoir a la taille d’un briquet. Le
plein ne coûte donc pas très cher mais on le refait en
permanence ! Et quand on bascule sur la réserve, il faut chercher du
carburant en urgence !
L’offre faite par la Honda Civic Type R est presque sans
concurrence. Certes, elle est plus chère que n’importe quelle
Civic ne l’a jamais été. Mais toutes les berlines de
performances équivalentes sont plus chères, et parfois
même… beaucoup plus chères !
Cette nouvelle Batmobile est une surprise : elle fait oublier les
précédentes générations, ainsi qu’une bonne
partie de la concurrence, parfois moins performante et souvent plus
chère… Quelle auto, mes amis !