Beaucoup, beaucoup de gens
rêvent de s'acheter une Porsche un jour. Une Porsche... 911 bien
sur. Retour sur une version de la 996 un peu moins "mal-aimée" que
les autres: la Carrera 4S.
Ça n'est pas un grand secret: la série 996
est un peu la mal-aimée des 911. Pour la première fois,
c'était une génération qui ne reprenait absolument rien du
modèle légendaire né en 1963, si ce n'est la ligne
générale et sa particularité dans le monde de l'automobile
: un 6 cylindres à plat disposé en porte à faux
arrière.
Par mesure d'économie, toute la moitié avant de la voiture
(jusqu'aux portes) était purement et simplement reprise du plus
accessible Porsche
Boxster. Erreur grave ! Faire de la récup' avec les pièces
d'un modèle vendu deux fois moins cher n'a pas amusé les
porschistes.
Dans le même temps, cette Porsche 911 adoptait une face arrière
plus lissée, plus classique: des ailes arrière sans galbes, et
des feux arrière sans bande réfléchissante rouge. Qui a dit
que la 996 était trop classique ?
Sous le capot, le nouveau flat 6 était entièrement nouveau. Mais
d’une part il était refroidi par eau et se montrait plus
silencieux que par le passé, d’autre part il passait à 3.4
litres en remplacement d’un 3.6 : c’était la
première fois dans l'histoire de Porsche que la cylindrée
régressait. Quel triste symbole !
La Porsche 911 Carrera 4S a commencé à consoler les vrais
amateurs de 911: elle marquait le retour du si apprécié Turbo
Look, avec ses optiques de 911
Turbo et non de Boxster, ses ailes larges, et surtout sa bande rouge
à l’arrière, qu’elle est la seule 996 à
posséder. De l’avis général, c’est l'une des
plus belles 996 sinon la plus belle.
Sous le capot, le Flat 6 est revenu à la cylindrée
légendaire de 3,6 litres. Aucun lien toutefois avec les 3,6 litres
des GT3 et Turbo qui sont issus du moteur de la 911 GT1 du Mans. Il
s’agit ici du 3.4 litres des premières 996 qui a été
passé à 3.6 par allongement de la course. Surtout, il a
été fiabilisé. Même si ce moteur n’offre
pas le niveau de fiabilité d’une GT3, il semble poser
moins de souci que les premiers 3.4 litres.
Les Porsche 996 offrent le choix entre deux boites de vitesse: des
manuelles à 6 rapports, et des automatiques Tiptronic S à 5
rapports. Et devinez quoi ? C’est sur une Tiptronic S que nous
tombons. On ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie…
Mais c’est l’occasion de voir ce que ce modèle peut
donner car nous n’en avions jamais essayée. On range le
matériel photo dans le coffre et... l'on découvre qu'en raison
des roues avant motrices, le coffre est vraiment minuscule. Heureusement
que les sièges arrière se rabattent !
On démarre de la main gauche: il y a quand même quelques
traditions qui n’ont pas changées heureusement, un peu comme
les 5 compteurs qui sont toujours là. Notre début de trajet dans
les bouchons, permet de constater un certain nombre de choses. La
première, c’est que le tableau de bord de la 996 a franchement
pris un coup de vieux et que les matériaux (les interrupteurs
notamment) ne sont pas toujours très flatteurs. Le GPS baptisé
PCM accuse lui aussi le poids des ans niveau graphique.
La seconde c’est qu’une 911, ça continue de marquer les
esprits. Notre Carrera 4S, près de 20 ans après sa sortie,
continue d’attirer les regards admiratifs. La troisième,
c’est que les 911 font tout de même un joli bruit, même
quand elles sont refroidies par eau. Ca n’était pas le cas sur
les premières 996, mais le constructeur avait rapidement corrigé
le tir avec un amplificateur de son dans l’habitacle, mais surtout
avec un bouton permettant de basculer sur un échappement sport:
c’est le système PCE. Seulement voilà, on obtient sur
notre exemplaire le même bruit avec et sans bouton. Est-ce que ce
dernier ne marche plus, ou est-ce que notre exemplaire a un
échappement autre que d’origine ? Mystère.
Dernière chose que nous constatons: ça fait mal de dire cela
mais la boite automatique en ville c'est le pied. Même dans une 911
Carrera 4S. Donc on prend un peu notre mal en patience dans les bouchons.
Il n’y a pas beaucoup de rangements, et petites vitres descendent
lentement. Soit. Il y a la clim après tout.
Mais voilà que la route se dégage un peu et les premiers virages
arrivent, on va pouvoir profiter un peu ! Même si la boite est un peu
lente au kick down, cette Tiptronic S est une bonne surprise. Les rapports
passent bien, et elle n’hésite jamais à rétrograder
au freinage. Pour la conduite rapide, on préfèrera bien sur
passer en mode manuel, dont les rapports ne se commandent pas au levier
mais seulement au volant, via de disgracieux boutons +/-. Il y a un temps
de réponse entre l’ordre donné et le passage effectif du
rapport mais on s’y fait rapidement et on peut anticiper.
Ensuite, la magie du Flat 6 opère. Il est refroidi par eau mais il
faut bien reconnaitre qu’une fois à l’attaque... on
s’en fiche. Ca grogne en bas, ça rugit en haut et surtout
ça pousse ! Il y a bien un petit temps mort entre deux rapports mais
ensuite... Et puis la motricité magique de la 911 -et de la Carrera
4S en particulier- permet de réaccélérer tôt.
Même si ça n’est pas si simple.
On ne va quand même pas vous expliquer que la 911 porte son moteur
dans son extrémité arrière, entre les roues et le
pare-choc. Ni vous expliquer que ça induit une répartition des
masses assez unique dans son genre. Et bien tout cela, on s’en
rappelle au premier virage, car la 911 sous-vire si l'on ne s'en occupe
pas.
Même si notre 996 est bien moins capricieuse qu’une vieille
911, il convient de respecter quelques règles à son volant :
charger fortement le train avant en entrée de virage, et se permettre
de réaccélérer très tôt comme nous vous le
disions, pour profiter de la motricité et… éventuellement
aider l’arrière à tourner. Une fois le mode d’emploi
assimilé, on ne s’en lasse pas. Et on joue sans déclencher
le contrôle de stabilité PSM…
On le répète, la 996 est bien moins caractérielle que les
modèles qui l’ont précédée. Ainsi, elle est
très aérodynamique, permettant ainsi de rouler en silence sur
les longs trajets autoroutiers, au régulateur de vitesse. Puisque
oui, en plus de la boite automatique il y a un régulateur de vitesse.
Tout se perd ma bonne dame…
L’aérodynamique de notre Porsche 911 n’est pas seulement
un élément de confort auditif: c’est également -et
surtout- l’origine d’une très bonne tenue de cap,
clairement inconnue dans le passé des 911. La 996 file sur un rail,
même à des vitesses plusieurs fois supérieures aux
limitations en vigueur en France. De quoi abattre de bonnes moyennes de
nuit, bien aidés par les efficaces phares Litronic… Vive
l’Allemagne.
Vous l’aurez compris, au final la Porsche 911 Carrera 4S Tiptronic S
nous a séduit à l’usage à défaut de nous avoir
fait rêver dans le passé, nous autres intégristes des
vieilles 911. Elle offre les qualités des anciennes 911 (style
général, performances, caractère) en y associant de
nouvelles (stabilité, équipements modernes). En
réalité, une seule qualité a été perdue dans
l’histoire : la fiabilité. On vous le disait, si ce moteur 3.6
litres est plus fiable que le 3.4 qu’il remplace, il
n’est pas parfait pour autant. Il ne faudra donc pas hésiter
à choisir un modèle dont le moteur a déjà
été changé…
La Porsche 911 Carrera 4S, en génération 996 et (surtout) en
boite Tiptronic S, n’est pas la 911 la mieux côtée.
C’est peut-être l’occasion de se faire plaisir avec une
très bonne voiture, qui a su nous montrer ses qualités au fil
des kilomètres…
Texte & photos : Manu Bordonado
Porsche 911 (996) Carrera 4S Tiptronic : Fiche technique