Beaucoup d’utilisateurs sont convaincus du bien-fondé du véhicule électrique mais reculent devant son prix d’achat. La Dacia Spring entend à ce titre être la toute première voiture électrique low cost. Pour refaire le même hold-up qu’avec le Duster ? Essai.
Renault et Citroën ont déjà fait des tentatives de véhicules électriques à petit prix avec les Twizy et Ami mais ce ne sont pas des véhicules utilisables au sens où une famille l’entend, c’est au dire avec 4 places et un coffre. Une vraie voiture mais à prix compact, c’est justement l’esprit (ou l’e-spring…?) de la marque roumaine.
Avec le Duster, Dacia avait réalisé un petit tour de force en recyclant des pièces déjà existantes chez Renault mais aussi Nissan. Malheureusement, il était difficile de faire une voiture électrique bon marché en récupérant des pièces de Zoé ou de Leaf. C’est donc l’expérience des bureaux d’étude qui a été réutilisée et ça n’est déjà pas si mal. Avec plus de 330.000 Zoé produites, Renault sait faire.
Mettre moins de batterie permet de gagner de la place dans une petite auto. Cela permet aussi d’en réduire le poids et donc de se contenter d’un moteur moins puissant et de... moins avoir besoin de batteries. Enfin, cela a une influence directe sur le prix !
Voilà pourquoi la Dacia Spring aura peu de batteries. Le choix est assumé et il est tout à fait explicable. Mais « peu », le terme est mal choisi. La vérité est qu’elle a des batteries en quantité simplement suffisante. Au terme de notre essai mené en conduite normale (à savoir en alternant des moments de conduite rapide et d’autres moments à l’économie, comme dans la vraie vie) nous aurons pu compter sur une autonomie réelle de 190 km.
190 km, c’est le double de ce que proposait une Peugeot 106 Electric ou une Mitsubishi i-MIEV, c’est toujours plus que ce qu’offrait les premières Nissan Leaf et c’est voisin de ce que proposait la Renault Zoé à ses débuts ! Soyons honnêtes, ça n’est pas assez pour partir en vacances mais ça suffit à aller faire les courses, aller bosser loin et emmener les enfants à l’école ou au judo. Le quotidien de la quasi-totalité des autos en circulation.
Un mode Eco permet au besoin de gagner une centaine de kilomètres d’autonomie en bridant la puissance à 23 kW (soit seulement 31 ch) et la vitesse maximale à 100 km/h. Ça dépannera toujours ! Avec une offre à 89€/mois (primes déduites), la Spring est de toute façon sans concurrence.
Avec sa grande garde au sol et ses protections en plastique, le look type crossover est sympa. Le gros essuie-glace unique façon Twingo première génération aussi. Enfin, les optiques façon C3 et C4 Picasso sont dans l’air du temps.
Limiter le poids (et le prix) n’a que des avantages mais implique quelques concessions. Un seul essuie-glace mais aussi... une seule buse lave-glace. Pas de poignée intérieure de coffre. Pas de satellite de commande audio au volant. Pas de porte gobelet. Un volant et un siège conducteur sans réglage en hauteur. Un démarrage avec une archiclassique clef, même pas pliante. Les phares sont réglables via une molette à l’ancienne. Le câble de charge rapide (de Type 2) est en option également. Avec un poids annoncé à 970 kg, le challenge de l’allègement est largement rempli.
La Dacia Spring a beau être la voiture électrique la moins chère d’Europe, elle sait aussi se montrer généreuse. Elle dispose dès la version d’accès (Confort) d’une très grande boîte à gant, des phares automatiques, du limiteur de vitesse, de la clim', du Bluetooth, des 4 vitres électriques, de 6 airbags...
La bien nommée Confort Plus y ajoute le radar et la caméra de recul. Vous la reconnaîtrez facilement à ses éléments de carrosserie de couleur orange. Cette version dispose également de l’infodivertissement Média Nav, un vrai GPS et pas un simple Mirror Line comme c’est souvent le cas dans cette gamme de prix. Un système performant même si vous devrez faire tout un tas de manipulations pour simplement changer de chanson, en l’absence de touche Skip ou de commande au volant. L’appli MyDacia (oui, vous lisez bien) permet de géolocaliser le véhicule, de contrôler sa charge et d’allumer le chauffage. A condition que ses gros boutons, à l’ancienne, soient sur les bonnes positions à l’intérieur de l’auto.
Dacia a également prévu une version « durcie » appelée Business : films de protection, Bumpers noirs, sièges plus résistants, plus fermes et lavables... elle se destine à l’auto-partage. Leclerc en aurait commandé 3000 exemplaires.
Cette Dacia tout de même n’est pas une voiture à vivre. L’habitabilité arrière est un peu juste et l’on ne peut pas compter sur une banquette arrière coulissante. On ne peut pas la rabattre par moitié non plus. Et sous le capot avant, où il y a pourtant beaucoup de place, aucun rangement n’a été prévu. Un bac en plastique, léger et bon marché, aurait pourtant suffi.
Au volant, la Dacia Spring Electric est agréable. Cela se conduit bien entendu au couple et en douceur. Quoi qu’il arrive, même sans le mode Eco on n’a que 33 kW (45 chevaux) sous la pédale. Ledit couple est de 125 Nm. Les valeurs d’un petit Diesel d’il y a quelques années. Les accélérations sont suffisantes en ville et sur les petits trajets : ça ne devient creux qu’à partir de 70-80 km/h. Et la Spring est de toute façon bridée à 125...
Le frein moteur est identique à celui d’une voiture thermique, ce qui signifie qu’il ne déroutera pas quelqu’un qui conduit une électrique pour la première fois mais que la batterie se charge très peu à chaque lever de pied. Dommage.
Les Dacia ont généralement des liaisons au sol confortables mais ça n’est malheureusement pas le cas ici en raison d’une suspension trop ferme. Pourtant, les petites roues en 14 pouces auraient dû apporter un doux toucher de route. Malgré ses liaisons au sol trop dures, la Spring n’est pas la reine des petites routes. La Spring est trahie par ses pneus Linlong qui n’ont selon nous rien à faire sur une voiture vendue chez nous : ils n’offrent qu’un faible grip et rendent le train avant paresseux. La direction électrique est plutôt collante également mais ça n’est sans doute pas la faute de ces pauvres pneus chinois. A noter que cette toute première Dacia électrique offre un très bon diamètre de braquage.
Contrairement à la tradition, cette Dacia n’est pas fabriquée en Roumanie mais en Chine, pays qui produit 60% des véhicules électriques dans le monde. L’auto est garantie 3 ans et la batterie 8 ans, ce qui devient la norme pour un véhicule électrique.
Au volant, la Spring Electric est une citadine sympathique, particulièrement économique et pour tout dire… finalement suffisante pour l’usage auquel elle se destine. Une vraie Dacia !